Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Trait d'Union

La gauche toulousaine entre désarroi et désir de reconquête

18 Juin 2014 , Rédigé par thomas simonian Publié dans #politique

La gauche toulousaine entre désarroi et désir de reconquête

Romain Cujives pense déjà à l'avenir

Depuis sa défaite municipale face à Jean-Luc Moudenc, la gauche toulousaine est groggy... « Ils ne s’y attendaient pas ! », nous livre même un militant toulousain du PRG. Elle cherche donc désormais à savoir comment rebondir. Pas si simple au moment même où le Premier secrétaire fédéral du PS 31, Joël Bouche, vient d’écrire aux militants pour faire part de sa démission : « Je me suis retrouvé chef d’orchestre sans musicien, et, sans pouvoir choisir la partition. » Pas si simple également en pleine guerre interne pour les investitures sénatoriales. Ambiance, non ? C’est donc dans ce contexte électrique que Romain Cujives (PS), Régis Godec (EELV) et Sonia Guillemet (ex-PRG), qui étaient tous trois sur des listes concurrentes lors des dernières municipales, ont accepté de se mettre autour de la même table dans les studios de Radio Axe Sud. L’occasion d’une introspection. Celle de leur propre défaite. Pour espérer des jours meilleurs ?

Le mea-culpa de Romain Cujives

Romain Cujives était élu à la mairie de Toulouse et à la communauté urbaine sous le mandat de Pierre Cohen. Il était même l’un des responsables de la campagne municipale du candidat socialiste. Pour lui, pas de doutes, la division de la gauche a été fatale : « Dans toute l’histoire des Municipales à Toulouse, à chaque fois que la gauche a été désunie, elle a perdu. Nous n’avons finalement gagné qu’une seule fois, en 2008, et nous avions alors réussi l’union de la gauche. C’est quand nous savons nous unir dès le premier tour que nous pouvons renverser l’ordre établi ou des équilibres existant depuis plus de trente ans. » Une vision pas franchement partagée par Régis Godec, ex-adjoint EELV de Pierre Cohen et qui était le directeur de campagne d’Antoine Maurice : « Ce n’est pas la raison principale de notre défaite puisque des situations similaires n’ont pas empêché des victoires à Nantes, Lille, Lyon ou Strasbourg... On ne peut pas mettre sur le dos des listes différentes au premier tour le poids de la défaite. » Du côté de Sonia Guillemet qui était colistière du sénateur PRG Jean-Pierre Plancade, l’attaque est sans concession. Comme l’explication d’un désamour dans les faubourgs et les quartiers populaires : « Il y a eu un fort mécontentement. Beaucoup d’habitants ne connaissaient même pas leur élu de quartier… Dans cette majorité, il y avait une absence totale des élus sur le terrain. » Romain Cujives admet en réponse que la question de la démocratie locale a été centrale dans cette défaite. Des propos qui résonnent tel un mea-culpa : « Reconnaissons que la suppression des maires de quartiers a perturbé les habitudes des Toulousains… Cela n’a pas été compris. » Même son de cloche chez Régis Godec : « Nous n’avons pas su bien expliquer le nouveau système que nous avions mis en œuvre. » Sonia Guillemet a profité de cet échange pour demander à la gauche toulousaine de tisser un lien plus affectif avec les habitants, « une politique avec de l’humain. Si nous voulons revenir aux commandes il faut travailler avec tout le monde.»

« Il est impératif pour la gauche toulousaine de ne pas attendre » (Stéphane Baumont)

La gauche toulousaine est donc clairement engagée dans son droit d’inventaire. Elle a même déjà organisé autour de Pierre Cohen et de différents acteurs des réunions pour entamer un débriefing de la défaite. Une nécessité pour engager le rebond : « Il faut travailler à une refondation politique de la gauche, de l’arc progressiste. Il faut réfléchir à un projet avec des valeurs et des aspects concrets. Nous devons renouer à Toulouse le dialogue entre toutes les forces de gauche », entame Régis Godec. Le fond avant la forme ? Pas certain que cela soit la bonne option pour le politologue toulousain Stéphane Baumont : « L’électeur a besoin d’une personnification de la ville et d’une personnalisation de la république municipale. Dans ces conditions, il est impératif pour la gauche toulousaine de ne pas attendre, et de se chercher un leader. Il ne faut pas oublier que Jean-Luc Moudenc avait commencé sa campagne dès le lendemain de sa défaite en 2008. »

Alors quel leader ?

En revanche pour Régis Godec, la gauche ne doit pas se presser : « Bien entendu qu’il faudra quelqu’un pour s’opposer à Jean-Luc Moudenc… Mais la question est aujourd’hui davantage d’avoir un projet cohérent et un respect entre les diverses formations politiques. Ensuite nous trouverons la femme ou l’homme pour incarner nos valeurs. » Sonia Guillemet quant à elle, partage plus volontiers l’analyse du politologue : « Ce n’est pas une question secondaire. Il est important d’avoir un leader pour porter un projet. » Romain Cujives fait partie de la short-list des personnalités souvent citées pour prendre le leadership de la gauche toulousaine. Il le sait, mais évite le sujet avec habileté : « Cette question est malheureusement fondamentale. Elle se posera à nous dans quelque temps... » Une invitation à un futur pour lequel Romain Cujives travaille déjà peut-être sans le dire. Y pense-t-il en se rasant le matin ? « Les électeurs s’attachent d’autant à un leader qu’il a été désigné tôt », commente en conseilleur Stéphane Baumont. La gauche toulousaine n’est donc qu’au début de la reconstruction.

Thomas Simonian

Ecoutez l'émission "L'Apéro Politique" avec 2 débats - La montée du FN et les états généraux de la gauche toulousaine

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article